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LA RÉVOLUTION


aux Tuileries et dans les rues, partent incessamment des motions incendiaires et des appels à l’émeute. « Hier, écrit le président de la section des Tuileries[1], au même moment et dans différents points de Paris, rue du Bac, au Marais, à l’église Saint-Eustache, au palais de la Révolution, sur la terrasse des Feuillants, des scélérats prêchaient le pillage et l’assassinat. » — Le lendemain, encore sur la terrasse des Feuillants, c’est-à-dire sous les fenêtres mêmes de la Convention, on « provoque l’assassinat de Louvet, pour avoir dénoncé Robespierre ». — « Je n’entends parler, écrit le ministre Roland, que de conspirations, de projets de meurtres. » — Trois semaines plus tard, pendant plusieurs jours « on annonce un soulèvement dans Paris[2] » ; le ministre est averti « qu’on a voulu tirer le canon d’alarme », et les têtes sur lesquelles fondra cette insurrection toujours grondante sont désignées d’avance. Dans le mois qui suit, au mépris de la loi expresse et récente, « l’assemblée électorale fait imprimer et distribuer gratuitement la liste des individus associés aux clubs de la Sainte-Chapelle et des Feuillants ; elle ordonne aussi l’impression et la distribution de la liste des huit mille et des vingt mille, ainsi que celle des clubs de 1789 et de Montaigu[3] ». Au mois de janvier, « les colporteurs crient dans la rue

  1. Moniteur, XIV, 362 (1er novembre 1792). — Ib., 387, séance du 4 novembre. Discours de Boyer et de Gorsas. — Ib., 382. Lettre de Roland, 5 novembre.
  2. Ib., XIV, 699. Lettre de Roland, 28 novembre.
  3. Ib., XIV, 697, n° du 11 décembre.