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LA SECONDE ÉTAPE DE LA CONQUÊTE


siers pantins qui s’agitent sur les tréteaux publics à l’Hôtel de Ville ; « Danton et Lacroix ont écrit, sur le bureau même du Comité de Salut public », la sommation insultante que l’orateur de la Commune viendra, le 31 mai, lire à la Convention, et pendant les sept jours de crise, Danton, Robespierre, Marat, conseillers, directeurs, modérateurs de toutes les menées, conduiront, pousseront, retiendront dans les limites de leur programme les comparses de l’insurrection.

VII

C’est un drame tragi-comique, en trois actes, dont chacun s’achève par un coup de théâtre toujours le même et toujours prévu : un des principaux machinistes, Legendre, a pris soin de l’annoncer d’avance. « Si

    pour mentir, et il a pu être bien informé, puisqu’il était du Comité de Salut public. Au reste, ses assertions sur le complicité de la Montagne et sur le rôle de Danton sont confirmées par tout l’ensemble des faits. — Buchez et Roux, XXVIII, 200. Discours de Danton à la Convention, 13 juin : « Sans les canons du 31 mai, sans l’insurrection, les conspirateurs triomphaient, ils nous donnaient la loi. Que le crime de cette insurrection retombe sur nous ! Je l’ai appelée, moi, cette insurrection… Je demande que la Convention déclare que, sans l’insurrection du 31 mai, il n’y avait plus de liberté. » — Ib., 220, Discours de Leclerc aux Cordeliers, 27 juin : « N’est-ce pas Legendre qui a fait échouer les sages mesures que nous avions prises tant de fois pour exterminer nos ennemis ? C’est lui avec Danton qui, par leur coupable résistance, nous ont réduits ou modérantisme dans les journées du 31 mai ; c’est Legendre et Danton qui se sont opposés aux moyens révolutionnaires que nous avions pris dans ces grands jours pour écraser tous les aristocrates de Paris. »