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LA RÉVOLUTION


est donné de désarmer les suspects et de remettre leurs armes « aux patriotes ; 40 sous par jour sont accordés aux citoyens peu fortunés, tant qu’ils resteront sous les armes[1] ». On n’a pas manqué d’avertir la veille les affidés de quartier ; par suite, dès le matin, dans les sections jacobines, le comité de surveillance a déjà choisi « les compagnies les plus nécessiteuses, afin d’armer les bras qui sont vraiment dignes de combattre pour la liberté », et il a distribué tous ses fusils « aux ouvriers bons républiquains[2] ». — « D’heure en heure, à mesure que la journée s’avance, on voit, dans les sections réfractaires, l’autorité passer du côté de la force ; au Finistère, à la Butte-des-Moulins, aux Lombards, à la Fraternité, au Marais[3], les sans-culottes encouragés prennent l’ascendant, cassent les délibérations des modérés, et, dans l’après-midi, leurs délégués viennent prêter serment à l’Hôtel de Ville.

Cependant la Commune, traînant derrière elle le simulacre de l’unanimité populaire, assiège la Convention de pétitions multipliées et menaçantes. Comme au 27 mai, les pétitionnaires envahissent la salle et « se confondent fraternellement avec les membres du côté gauche. »

  1. Buchez et Roux, XXVII, 307 à 323. Procès-verbaux de la Commune, 31 mai.
  2. Archives nationales, F7, 2494, registre du comité révolutionnaire de la section de la Réunion, procès-verbal du 31 mai, six heures du matin.
  3. Buchez et Roux, XXVII, 335, séance de la Convention, 31 mai. Pétition présentée par les commissaires au nom des 48 sections ; il résulte de leurs pouvoirs qu’ils ne sont d’abord autorisés que par 26 sections.