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LA RÉVOLUTION


ment qui ne pourrait qu’être funeste à la liberté[1] », il est urgent de rétablir et d’assurer la paix publique. La majorité croit donc faire un acte de courage en refusant à la Commune l’arrestation des Vingt-Deux, des ministres Lebrun et Clavière ; en échange, elle consent à supprimer sa commission des Douze ; elle confirme l’arrêté par lequel la Commune alloue 40 sous par jour aux ouvriers qui sont sous les armes ; elle déclare libre l’entrée de ses tribunes, et, remerciant toutes les sections, tant celles qui voulaient la défendre que celles qui voulaient l’attaquer, elle maintient la garde nationale en réquisition permanente, elle annonce une fédération générale pour le 10 août suivant, elle va fraterniser au Palais-Royal avec les bataillons que les calomnies de la Commune avaient armés l’un contre l’autre et qui, détrompés à la dernière minute, s’embrassent maintenant au lieu de s’égorger.

Encore cette fois, tout l’avantage est pour la Commune. Non seulement plusieurs de ses demandes ont été converties en décrets, mais encore son baptême révolutionnaire demeure valable, son comité d’exécution est tacitement reconnu, le gouvernement nouveau reste en fonctions, ses usurpations sont consacrées, son général Henriot garde le commandement de toute la force armée, toutes ses mesures dictatoriales s’exécutent sans entraves. — Raison de plus pour les continuer et pour les aggraver. « Vous n’avez qu’une demi-victoire, écrit Hébert dans son Père Duchesne, tous ces b…

  1. Mortimer-Ternaux, VII, 565. Lettre du député Loiseau, 5 juin,