Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 6, 1904.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
LA RÉVOLUTION


voté dans l’ancienne Assemblée législative est bon à prendre : c’est une razzia universelle et simultanée ; dans toutes les rues on ne voit que des gens empoignés et conduits au comité de la section ou en prison, sous escorte, en première ligne des journalistes « antipatriotes » ; par surcroît, leurs feuilles tirées sont confisquées et leurs journaux cessent de paraître ; les ateliers de Gorsas sont saccagés, les scellés sont mis sur ses presses[1], Prudhomme lui-même est écroué. Dans les sections du Contrat-Social, de la Fraternité, du Marais, de Marseille, les dernières résistances sont brisées, et la Commune, tranquille du côté de la rue, peut recommencer son attaque contre la Convention.

Elle a fait dresser, dans chaque section, « la liste des ouvriers sans-culottes, » et leur alloue 6 francs par tête, payables par la Convention, pour les indemniser de leur chômage temporaire[2] : c’est une prime offerte à l’émeute, et, comme il n’y a rien de plus efficace que l’argent comptant, Pache fait les fonds en détournant 150 000 francs destinés aux colons de Saint-Domingue ; pendant la journée du 2 juin, on verra des affidés passer dans les rangs et distribuer des assignats de 5 livres[3]. Pour mieux retenir les hommes sous les armes, des voitures de subsistances accompagnent

  1. Buchez et Roux, XXVIII, 19.
  2. Buchez et Roux. XXVII, 357. Procès-verbaux de la Commune, 1er  juin.
  3. Meillan, 307. — Fragment, par Lanjuinais. — Diurnal de Beaulieu, 2 juin. — Buchez et Roux, XXVII, 299 (discours de Barère).