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LA RÉVOLUTION

VII

Encore, dans cette préparation du bien-être futur, est-ce le même principe qui prévaut. Parmi les produits précieux, les plus précieux et les premiers sont évidemment les outils animés, à savoir les hommes, puisqu’ils produisent le reste. Il s’agit donc de former des hommes, des hommes capables du travail physique, mental ou moral, le plus actif, le plus persévérant, le mieux entendu et le plus fructueux. Or nous savons déjà à quelle condition ils se forment. Il faut et il suffit que les sources vives, que tout à l’heure on a décrites, coulent en place, chacune par son orifice naturel et sous la main de son propriétaire. À cette condition, le jet devient plus fort, car l’élan acquis accroît la poussée originelle ; le metteur en œuvre devient plus habile, car il s’instruit par la pratique ; les voisins eux-mêmes deviennent meilleurs ouvriers, car ils sont encouragés par son succès et appliquent chez eux ses découvertes. — Ainsi, par cela seul que l’État respecte et fait respecter aux mains des individus les sources individuelles, il développe en eux et autour d’eux la volonté et le talent de produire bien et beaucoup, la faculté et le désir de produire toujours mieux et davantage, en d’autres termes toutes les énergies et capacités diverses, chacune en son genre et à son endroit, avec toute l’ampleur et toute l’efficacité qu’elles comportent. Tel est son office et son office unique, d’abord auprès