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LA RÉVOLUTION


croire, il a fait dans la physique des découvertes immortelles[1] : « Elles ne tendent pas à moins qu’à faire changer la face de l’optique… Jusqu’à moi, les vraies couleurs primitives étaient inconnues. » — Il est un Newton et mieux encore. Avant lui, « on ignorait la place que le fluide électrique, considéré comme agent universel, occupe dans la nature… Je l’ai fait connaître de manière à ne laisser aucun doute[2] ». Pour le fluide igné, « cet être inconnu avant moi, je dégage la théorie de toute hypothèse, de toute conjecture, de tout raisonnement alambiqué, je la purge d’erreurs, je la rends intuitive, je la dépose dans un petit volume qui condamne à l’oubli tout ce que les sociétés savantes ont jamais publié sur cette matière[3] ». Avant son traité de l’Homme, le rapport du physique et du moral était incompréhensible. « Descartes, Helvétius, Haller, Le Cat, Hume, Voltaire, Bonnet, en faisaient un secret impénétrable, une énigme. » Il a déchiffré l’énigme, fixé le siège de l’âme, démontré l’intermédiaire par lequel communiquent l’âme et le corps[4]. — Dans les sciences supérieures, qui traitent de la nature en général ou de la société humaine, il est allé au bout. « Je crois avoir épuisé à peu près toutes les combinaisons de l’esprit humain sur la morale, la philosophie et la politique[5]. »

  1. Épigraphe de ses mémoires sur la lumière. « Elles surnageront contre vent et marée. » — Ib., préface, vii, Découvertes de M. Marat, 1780, 2e édit., 140.
  2. Recherches physiques sur l’électricité, 1782, 13, 17.
  3. Chevremont, I, 59.
  4. de l’Homme, préface, VII, et 4e livre.
  5. Journal de la République française, no 98.