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LA RÉVOLUTION


« chise de quelques membres de la commission des Vingt et Un » ; en sa qualité de « magistrat » et « dans une assemblée municipale », ne devait-il pas « s’expliquer librement sur les auteurs d’une trame dangereuse » ? Au reste, la Commune, « loin de provoquer les événements du 2 septembre, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour les empêcher ». Enfin, il n’a péri qu’un innocent : « C’est beaucoup sans doute. Citoyens, pleurez cette méprise cruelle ; nous l’avons pleurée dès longtemps ; mais que votre douleur ait un terme, comme toutes les choses humaines. » Quand le peuple souverain, reprenant les pouvoirs qu’il a délégués, exerce son droit inaliénable, nous n’avons qu’à nous incliner. — D’ailleurs, il est juste, sage et bon ; « dans tout ce qu’il fait,… tout est vertu et vérité, rien ne peut être excès, erreur ou crime[1] ». À lui d’inter-

    de Louvet), des commissaires de la Commune se présentent chez Brissot avec ordre de visiter ses papiers ; l’un d’eux dit à Brissot qu’il a huit mandats pareils contre des députés de la Gironde et qu’il commencera par Guadet. (Lettre de Brissot pour se plaindre de cette visite (Moniteur, 7 septembre 1792.) Ce même jour, 3 septembre, Robespierre siège à la Commune (Granier de Cassagnac, les Girondins, II, 63) ; c’est là que vient le chercher une députation de la section Mauconseil, et il est chargé par le Conseil d’une commission au Temple — Le 4 septembre (Buchez et Roux, XXI, 106, Discours de Pétion), la Commune lance un mandat d’arrêt contre Roland ; Danton vient à la mairie avec Robespierre et fait révoquer ce mandat ; Robespierre finit par dire à Pétion : « Je crois que Brissot est à Brunswick. » — ib., 103 : « Robespierre (avant le 2 septembre) prit de l’ascendant dans le Conseil. » — ib., 107 : « Robespierre, lui dis-je, vous faites bien du mal ; vos dénonciations, vos alarmes, vos haines, vos soupçons agitent le peuple. »

  1. Garat, 86. — Cf. Hamel, I, 264 (Discours du 9 juin 1791).