nelle ; elle se lève tout entière devant cette arche sainte ; elle souffre que les délégués lui fassent des exhortations et l’instruisent de ses devoirs[1]. — Mais le soir, aux Jacobins, Robespierre, après un long discours vague sur les dangers publics, sur les conspirateurs, sur les traîtres, lance tout à coup le mot décisif : « La plus importante de mes réflexions allait m’échapper… La proposition qu’on a faite ce matin ne tend qu’à faire succéder aux membres épurés de la Convention actuelle les envoyés de Pitt et de Cobourg[2]. » Paroles terribles dans la bouche de l’homme à principes ; elles sont comprises à l’instant par les meneurs grands et petits, par les quinze cents Jacobins de choix qui remplissent la salle. — « Non, non ! » s’écrie toute la Société. — Les délégués sont entraînés. « Je demande, dit l’un d’eux, que la Convention ne se sépare point avant la fin de la guerre. » — La voilà enfin la fameuse motion, depuis si longtemps désirée et attendue : maintenant les calomnies des Girondins vont tomber à terre ; il est prouvé que la Convention ne veut point s’éterniser, qu’elle n’a pas d’ambition. Si elle reste au pouvoir, c’est qu’elle y est maintenue ; les délégués du peuple lui forcent la main.
- ↑ Moniteur, XVII, 374 (Discours de l’orateur des commissaires) : « Souvenez-vous que vous êtes responsables de cette arche sainte à la nation, à l’univers. Souvenez-vous que votre devoir est de mourir plutôt que de souffrir qu’une main sacrilège, » etc.
- ↑ Buchez et Roux, XXVIII, 458. (Il est évident, par le contexte du discours, que, si Robespierre et les Jacobins veulent perpétuer la Convention, c’est parce qu’ils prévoient des élections girondines.)