Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
97
LES GOUVERNANTS


autre, encore mieux choisie et plus efficace, gendarmerie de surcroît, spéciale, à la fois ambulante et résidente, je veux dire « l’armée révolutionnaire », que le gouvernement et les représentants, à partir du 5 septembre 1793, ont levée à Paris et dans la plupart des grandes villes. — Celle de Paris comprend 6000 hommes, avec 1200 canonniers, et envoie des détachements en province, 2000 hommes à Lyon[1], 200 hommes à Troyes ; Ysabeau et Tallien en ont une de 3000 hommes à Bordeaux ; Saliceti, Albitte et Gasparin, une de 2000 à Marseille ; Isoré et Duquesnoy, une de 1000 à Lille ; Javogues, une de 1200 à Montbrison ; d’autres, moins nombreuses et qui comptent de 600 à 200 hommes, tiennent Moulins, Grenoble, Besançon, Belfort, Bourg, Dijon, Strasbourg, Toulouse, Auch, Nantes[2]. Lorsque, le 27 mars 1794, le Comité de Salut public, menacé par Hébert, les aura dissoutes comme hébertistes, plusieurs d’entre elles subsisteront, au moins à l’état de noyau, sous diverses formes ou titres, soit que l’administration locale les conserve sous le nom de « gardes soldés[3] »,

  1. Je n’ai point trouvé un relevé complet des villes ou départements qui ont eu une armée révolutionnaire. J’ai constaté, par la correspondance des représentants en mission et par les documents imprimés, la présence d’armées révolutionnaires dans les villes dont je donne ici les noms.
  2. Comte de Martel, Fouché, 338 (texte des arrêtés du Comité de Salut public). Le détachement envoyé à Lyon comprend 1200 fusiliers, 600 canonniers, 150 cavaliers. 300 000 livres sont remises, pour les frais du voyage, au commissaire ordonnateur, 50 000 à Collot d’Herbois, 19 200 aux Jacobins civils qui l’accompagnent.
  3. Moniteur (séance du 17 brumaire an III). Lettre du représentant Calès à la Convention : « Sous prétexte de garder les prisons, la municipalité (de Dijon) avait une armée révolution-


  la révolution, vi.
T. VIII. — 7