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LA RÉVOLUTION


impropres à la vie rangée et au travail utile, surtout par ceux qui, le 31 mai et le 2 juin, ont aidé la Commune et la Montagne à violenter la Convention. Ils se reconnaissent à ce signe que « chacun d’eux, en cas de contre-révolution, serait pendu[1] », et posent, « comme une vérité incontestable, que, s’ils épargnent un seul aristocrate, ils iront tous à l’échafaud[2] ». — Naturellement ils se tiennent en garde, et se serrent entre eux : dans leur coterie, « tout se fait par compère et commère[3] » ; on n’y est admis qu’à condition d’avoir fait ses preuves au « 10 août et au 31 mai[4] ». — Et, comme derrière leurs chefs vainqueurs ils se sont poussés à la Commune et aux comités révolutionnaires, ils peuvent, par les certificats de civisme qu’ils accordent ou refusent arbitrairement, exclure, non seulement de la vie politique, mais encore de la vie civile, tous les hommes qui ne sont pas de leur clique. « Vois[5], écrit à Danton un correspondant, vois quelles gens obtiennent aisé-

    tive dans l’assemblée populaire de la section du Panthéon », et, dans tous les autres clubs, elles assistent aux séances.

  1. Moniteur, XIX, 103 (séance des Jacobins, 28 décembre 1793). Dubois de Crancé propose la question suivante à chaque membre soumis au scrutin épuratoire : « Qu’as-tu fait pour être pendu, si la contre-révolution arrivait ? »
  2. Ib., XVIII, 410 (Discours de Maribon-Montaut, séance des Jacobins, 21 brumaire an II).
  3. Dauban, Paris en 1794, 142 (Rapports de police, 13 ventôse an II).
  4. Morellet, Mémoires, II, 449.
  5. Dauban, Ib., 35 (Note rédigée en janvier 1794, probablement par le médecin Quêvremont de Lamothe). — Ib., 82 — Cf. Morellet, II, 434-470 (Détails sur la délivrance des certificats de civisme en septembre 1793).