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LES GOUVERNÉS


mais on en a compté 17 000[1], « la plupart accomplis sans formalités, ni preuves », ni délit, entre autres le meurtre « de plus de 1200 femmes, dont plusieurs octogénaires et infirmes[2] », notamment le meurtre de 60 femmes condamnées à mort, disent les arrêts, pour avoir « fréquenté » les offices d’un prêtre insermenté, ou pour avoir « négligé » les offices d’un prêtre assermenté. « Des accusés, mis en coupe réglée, furent condamnés à vue. Des centaines de jugements prirent environ une minute par tête. On jugea des enfants de sept ans, de cinq ans, de quatre ans. On condamna le père pour le fils, et le fils pour le père. On condamna à mort un chien. Un perroquet fut produit comme témoin. De nombreux accusés, dont la condamnation ne put être écrite, furent exécutés. » À Angers, la sentence de plus de 400 hommes et de 360 femmes, exécutés pour désencombrer les prisons, fut mentionnée sur les registres par la seule lettre F ou G (fusillé ou guillotiné)[3]. — À Paris comme en province, le plus léger

    II, 352. — Alfred Lallié, 90. — Buchez et Roux, XXXII, 394.

  1. Berryat-Saint-Prix, 23, 24.
  2. Berryat-Saint-Prix, 458 : « À Orange, Mme Vidaud de la Tour, âgée de quatre-vingts ans et en démence depuis plusieurs années, fut exécutée avec son fils. On rapporte que, conduite à l’échafaud, elle croyait être mise en carrosse pour faire des visites, et qu’elle le dit à son fils. » — Ib., 471. Après Thermidor, les juges de la commission d’Orange ayant été mis en jugement, le jury déclara « qu’ils avaient refusé d’entendre les témoins à décharge et de donner aux accusés des défenseurs officieux ».
  3. Camille Boursier, la Terreur en Anjou, 228 (Déposition de la veuve Édin) : « La Persac, religieuse, malade, infirme, était prête à faire le serment. Nicolas, coureur de Vacheron, aidé de