Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
193
LES GOUVERNÉS


tinés selon les principes. Trente-deux autres, anciens officiers, chevaliers de Saint-Louis, mousquetaires, nobles, prêtres, juges, un ex-procureur du roi, un ex-trésorier de France, un ancien administrateur du département, deux dames, l’une désignée comme « se disant ci-devant marquise », sont recluses, jusqu’à la paix, dans la maison d’arrêt de Montargis. Les quatre-vingt-six autres, anciens officiers municipaux, anciens officiers de la garde nationale, hommes de loi, notaires, avoués, médecins, chirurgiens, l’ancien receveur de l’enregistrement, l’ancien commissaire de police, l’ancien directeur de la poste aux lettres, des commerçants, des fabricants, tous, hommes et femmes, épouses ou veuves, feront amende honorable, et sont mandés au temple de la Raison, pour y subir, le 20 ventôse, à 3 heures de l’après-midi, l’humiliation d’une pénitence publique. — Ils viennent ; car l’arrêté porte que « quiconque ne se présentera pas, au jour et à l’heure marqués, sera arrêté et détenu jusqu’à la paix ». Arrivés dans l’église purifiée par le culte jacobin, « en présence des autorités constituées, de la Société populaire et des citoyens convoqués en assemblée générale », ils montent un à un, et comparaissent « à une tribune élevée de trois pieds de haut », de façon à être bien en vue. Un à un, l’agent national ou le maire les réprimande en ces termes ; « Vous avez eu la lâcheté de signer une adresse de flagorneries à Louis XVI qui fut le plus odieux et le plus vil des tyrans, un ogre du genre humain, qui ne se repaissait que de dé-


  la révolution, vi.
T. VIII. — 13