Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
18
LA RÉVOLUTION

« naires sans bornes, qui excèdent les impôts ordinaires et les dépenses communales, qui sont déjà très fortes. Tantôt c’est une salle qu’un menuisier, un serrurier, membre du comité révolutionnaire, veut que l’on construise, qu’on agrandisse ou qu’on embellisse, et il faut le vouloir avec lui. Tantôt c’est un mauvais discours, plein d’exagération et d’impolitique, dont on ordonne l’impression à trois, quatre, cinq et six mille exemplaires. Puis, pour combler la mesure, et à l’exemple de la Commune, jamais de comptes, ou, si l’on en rend pour la forme, défense d’y trouver à redire sous peine de suspicion », etc. — Propriétaires et distributeurs du civisme, les douze meneurs n’ont eu qu’à s’entendre pour s’en répartir les bénéfices ; à chacun selon ses appétits ; désormais la cupidité et la vanité sont à l’aise pour manger la chose publique sous le couvert de l’intérêt public.

La pâture est immense, et d’en haut on les y appelle. « Je suis bien aise, dit Henriot, dans un de ses ordres du jour[1], d’avertir mes frères d’armes que toutes les places sont à la disposition du gouvernement. Le gouvernement actuel, qui est révolutionnaire, qui a des intentions pures, qui ne veut que le bien de tous…, va, jusque dans les greniers, chercher les hommes vertueux…, les pauvres et purs sans-culottes. » Et il y a de quoi les satisfaire, 35 000 emplois publics dans la

    chands de vin de son arrondissement, elle a fait mettre les scellés sur toutes leurs caves. »

  1. Dauban, ib., 345 (Ordre du jour de Henriot, 9 floréal).