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LES GOUVERNANTS


netiers, fruitiers, marchands de vin ; les autres enfin, simples ouvriers ou même manœuvres, charpentiers, menuisiers, ébénistes, serruriers, notamment trois tailleurs, quatre perruquiers, deux maçons, deux cordonniers, un savetier, un jardinier, un tailleur de pierre, un paveur, un garçon de bureau et un domestique. — Parmi les trente-deux lettrés, un seul a quelque notoriété, Paris, professeur à l’Université et suppléant de l’abbé Delille. Un seul, Dumez, ancien ingénieur, appliqué, modéré, tout occupé des subsistances, semble un travailleur compétent et utile. Les autres, ramassés dans le tas des démagogues inconnus, sont six rapins ou mauvais peintres, six agents d’affaires ou ex-hommes de loi, sept négociants du second ou troisième ordre, un instituteur, un chirurgien, un prêtre défroqué et marié, et autres du même acabit ; ce sont eux qui, sous la direction politique du maire Fleuriot-Lescot et de l’agent national Payan, apportent dans le Conseil général, non la capacité administrative, mais la faculté du raisonnement verbal, avec la quantité de bavardage et d’écriture dont une assemblée délibérante ne peut se passer. — Et il est curieux de les voir en séance. Vers la fin de septembre 1793[1], un des vétérans de la philosophie libérale, de l’économie politique et de l’Académie française, le vieil abbé Morellet, ruiné par la Révolution, a besoin d’un certificat de civisme pour toucher la petite pension de 1000 francs que l’Assemblée Constituante lui a votée en récompense de ses écrits, et la

  1. Morellet, Mémoires, I, 434 à 472


  la révolution, vi.
T. VIII. — 3