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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 9, 1904.djvu/237

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FORMATION ET CARACTÈRES DU NOUVEL ÉTAT


subdivisions territoriales, sa conscription, son code civil, sa machine constitutionnelle, ecclésiastique, universitaire, son système d’égalité et d’avancement, tout

    l’influence qu’il peut avoir sur votre gloire et la mienne, mais aussi sous le point de vue du système général de l’Europe. » Il faut « que les individus qui ne sont point nobles et qui ont des talents aient un droit égal à votre considération et aux emplois ;… que tout espèce de servage et de liens intermédiaires entre le souverain et la dernière classe du peuple soit abolie. Les bienfaits du code Napoléon, la publicité des procédures, l’établissement des jurys, seront autant de caractères distinctifs de votre monarchie. » — Son objet principal est la suppression de la féodalité, c’est-à-dire des grandes familles et des vieilles autorités historiques ; pour cela, il compte surtout sur son code civil : « Voilà le grand avantage du code ;… c’est ce qui m’a fait prêcher un code civil, et m’a décidé à l’établir. » (Lettre à Joseph, roi de Naples, 6 juin 1806.) — « Le code Napoléon est adopté dans toute l’Italie ; Florence l’a ; Rome l’aura bientôt. » (Lettre à Joachim, roi des Deux-Siciles, 27 novembre 1808.) — « Mon intention est que les villes hanséatiques adoptent le code Napoléon, et qu’à compter du 1er janvier ces villes soient régies par ce code ». Dantzig de même. — « Faire des insinuations légères et non écrites auprès du roi de Bavière, du prince-primat, des grands-ducs de Hesse-Darmstadt et de Bade, pour que le code civil soit adopté dans leurs États, en supprimant toutes les coutumes et en se bornant au seul code Napoléon. » (Lettre à M. de Champagny, 31 octobre 1807). — « Les Romains donnaient leurs lois à leurs alliés ; pourquoi la France ne ferait-elle pas adopter les siennes en Hollande ?… Il est nécessaire également que vous adoptiez le système monétaire français. » (Lettre à Louis, roi de Hollande, 13 novembre 1807.) — Aux Espagnols : « Vos neveux me béniront comme leur régénérateur. » (Allocution à Madrid, 9 décembre 1808). — « L’Espagne doit être française ; il faut que le pays soit français, que le gouvernement soit français. » (Rœderer, III, 529, 526, paroles de Napoléon, 11 février 1809.) — Bref, à l’exemple de Rome, qui avait latinisé tout le pourtour de la Méditerranée, il voulait franciser toute l’Europe occidentale ; c’était, dit-il, afin « d’établir, de consacrer enfin l’empire de la raison et le plein exercice, l’entière jouissance de toutes les facultés humaines. » (Mémorial.)