désordre de la toilette mouillée, il l’entraîne avec lui dans son propre appartement, il y reste avec elle longtemps, trop longtemps, tandis que les convives, assis à table autour du dîner suspendu, attendent et se regardent. Un autre jour, à Paris, vers l’époque du Concordat[1], il dit au sénateur Volney : « La France veut une religion ». Volney, sèchement et librement, lui riposte : « La France veut les Bourbons. » Sur quoi, il lance à Volney un tel coup de pied dans le ventre, que celui-ci tombe sans connaissance et que, transporté chez un ami, il y reste malade, au lit, pendant plusieurs jours. — Nul homme plus irritable et si vite cabré ; d’autant plus que souvent il lâche exprès la bride à sa colère, car, débridée à propos et surtout devant témoins, elle imprime la terreur, elle extorque des concessions, elle maintient l’obéissance, et ses explosions, demi-calculées, demi-involontaires, le servent autant qu’elles le soulagent, dans la vie publique et dans la vie privée, avec les étrangers et avec les siens, auprès des corps constitués, avec
- ↑ Bodin, Recherches sur l’Anjou, II, 525. — Souvenirs d’un nonagénaire, par Besnard. — Sainte-Beuve, Causeries du lundi, article sur Volney. — Miot de Melito, I, 297. Il voulait adopter le fils de Louis et le faire roi d’Italie ; Louis refusa, alléguant que « cette faveur si marquée donnerait une nouvelle vie aux bruits répandus dans le temps au sujet de cet enfant ». Là-dessus, Napoléon, exaspéré, « saisit le prince Louis par le milieu du corps et le jeta avec la plus grande violence hors de son appartement. » — Mémorial, 10 octobre 1816. Napoléon raconte qu’à la dernière conférence de Campo-Formio, pour en finir avec les résistances du plénipotentiaire autrichien, il s’est levé brusquement, il a saisi sur un guéridon un cabaret de porcelaine, il l’a brisé sur le parquet en disant : « C’est ainsi qu’avant un mois j’aurai brisé votre monarchie. » (Ce fait est contesté par Bourrienne.)