Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/154

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Théophraste : un visage labouré et plein d’angoisses ; c’est lui qui a dit sur le bonheur le mot désespéré que commentait Leopardi.

Marc-Aurèle : son buste est un de ceux que l’on rencontre le plus souvent, et l’on reconnaît tout de suite ses yeux à fleur de tête. Il est triste et noble, et sa tête est celle d’un homme tout entier dominé par son cerveau : un rêveur idéaliste.

Démosthène : toute l’énergie et tout l’élan d’un homme d’action ; le front est un peu fuyant, le regard est comme une épée ; c’est le parfait combattant, toujours lancé.

Térence : un méditatif incertain, le front bas, peu de crâne, l’air étriqué et triste. Il était client des Scipions, pauvre protégé, ancien esclave, puriste délicat, poëte sentimental, et on préférait à ses comédies des danses sur la corde.

Commode : figure fine et étrange, dangereusement volontaire ; les yeux à fleur de tête, un jeune beau, un élégant qui pourra faire de singulières choses.

Tibère : il n’est pas noble ; mais pour le caractère et la capacité, il peut porter dans sa tête les affaires d’un empire et l’administration de cent millions d’hommes.

Caracalla : tête violente, vulgaire et carrée, inquiétante comme celle d’une bête fauve qui va se lancer.

Néron : un beau crâne plein, mais une vilaine gaieté. Il ressemble à un acteur, à un premier chanteur d’opéra, fat et vicieux, malsain d’imagination et de cervelle. Le trait principal est le menton en galoche.

Messaline : elle n’est point belle et s’est attifée savamment d’une double rangée de papillotes recherchées. Elle a un vague sourire fade qui fait mal au cœur. C’est