Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/168

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

un paletot. La beauté de celui-ci est dans le col puissant, dans le torse si bien continué par la cuisse ; c’est un chasseur et un guerrier, rien de plus : il l’est par les muscles du jarret aussi bien que par la tête. Ces gens-là avaient inventé pour l’espèce humaine le système des haras ; de là leur rang dans l’histoire. Les Spartiates qui, dans les temps anciens de la Grèce, ont donné le branle aux autres cités, se prêtaient entre eux leurs femmes pour avoir des rejetons d’élite. Là-dessus Platon, leur admirateur, conseille aux magistrats d’arranger les mariages annuels de telle façon que les meilleurs hommes aient les meilleures femmes. Xénophon, de son côté, blâme Athènes, qui n’a rien de semblable, loue l’éducation des femmes Spartiates, tout entière arrangée pour qu’elles enfantent à l’âge qu’il faut et qu’elles aient de beaux enfants. « Leurs jeunes filles, dit-il, s’exercent à la course et à la lutte, et cela est sagement ordonné ; car comment des femmes élevées, comme on le veut d’ordinaire, à faire des ouvrages de laine et à demeurer tranquilles, enfanteraient-elles quelque chose de grand ? » Il remarque que dans leurs mariages tout est réglé dans cette vue ; un vieillard ne peut garder sa jeune femme pour soi : il doit choisir « entre les jeunes gens dont il admire le plus le corps et l’âme, un homme qu’il amènera dans sa maison et qui lui donnera des enfants. » On voit que chez ce peuple, qui a poussé le plus loin l’esprit tout gymnastique et militaire de l’institution nationale, il s’agit avant tout de faire la race.

Une petite rotonde à côté de là renferme les chefs-d’œuvre de Canova tant loués, je ne sais pourquoi, par Stendhal, un Persée qui est un élégant efféminé, deux