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Rome, 15 mars, Raphaël.


Parlons de ton Raphaël ; puisque tu aimes les impressions franches, je te donnerai la succession et la diversité des miennes.

Combien de fois n’avons nous pas raisonné de lui ensemble devant les dessins originaux et les estampes ! Ses plus grandes œuvres sont ici. Quand du milieu des sensations l’idée commence à poindre, on prend la liste des endroits où il y a quelque peinture de lui. On va d’une fresque à un tableau, d’une galerie à une église ; on revient, on lit sa vie, celle de ses contemporains et de ses maîtres. C’est un travail ; il en faut bien un pour Pétrarque et Sophocle : toutes les grandes choses un peu lointaines correspondent à des sentiments que nous n’avons plus.

Le premier aspect est singulier ; on vient d’entrer dans la cour du Vatican, on a vu un entassement de bâtiments, et au-dessus de sa tête une allée de vitrages qui donnent à l’édifice l’apparence d’une grande serre. Muni de cette belle idée, on a monté une infinité d’escaliers ; sur le palier, un suisse doucereux et prudent a empoché vos deux pauls avec un sourire de reconnaissance.