une envie, c’est de monter lui-même à cheval pour s’étaler avec un habit pareil au milieu du cortège et devant les assistants. Tel est à cette époque le goût qui règne en Italie : on n’y rencontre que cavalcades princières, fêtes pompeuses et publiques, entrées de villes et mascarades. Galeazzo Sforza, duc de Milan, venant visiter Laurent de Médicis, amène avec lui, outre une garde de cinq cents fantassins, cent hommes d’armes, cinquante laquais à pied vêtus de soie et d’argent, deux mille gentilshommes et domestiques de sa suite, cinq cents couples de chiens, un nombre infini de faucons, et son voyage lui coûte deux cent mille ducats d’or. De son côté, la ville lui donne trois spectacles publics, l’un qui est « l’annonciation de la Vierge », l’autre qui est « l’ascension du Christ », le dernier qui est « la descente du Saint-Esprit ». — Le cardinal de San-Sisto dépense vingt mille ducats pour une seule fête en l’honneur de la duchesse de Ferrare, et fait ensuite une tournée en Italie avec un cortège si nombreux et si magnifique que toute la pompe du pape son frère ne faisait que l’égaler. — La duchesse Lucrèce Borgia entre à Rome avec deux cents dames, toutes magnifiquement habillées, toutes à cheval, chacune accompagnée d’un cavalier. — On prépare à Florence une grande fête mythologique, le triomphe de Camille avec quantité de chars, d’étendards, d’écussons, d’arcs de triomphe ; Laurent de Médicis, afin d’embellir le spectacle, demande au pape un éléphant ; le pape envoie seulement deux léopards et une panthère ; il voudrait bien venir, mais sa dignité le retient ; une quantité de cardinaux, plus heureux, arrivent pour jouir de la fête. Un peintre, Piero di Cosimo, avec ses amis, en arrange une autre toute
Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/225
Apparence