Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/333

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pape vient d’autoriser un cours de géologie qui a quatre auditeurs ; il n’y a pas de cours d’histoire profane. En revanche, les cours de théologie sont fort nombreux. Ceci montre l’esprit de l’institution ; les sciences du moyen âge y fleurissent, les sciences modernes restent à la porte. Il n’y a que deux écoles publiques à Rome : le séminaire romain, qui est sous les ordres du cardinal-vicaire et forme des prêtres, et le collège romain, qui est aux mains des Jésuites ; on n’y étudie que le latin et le grec. Point d’italien, point de français, nulle langue vivante, point d’histoire, sauf l’histoire romaine jusqu’à Constantin. Les études sont si faibles que, lorsqu’un élève veut entrer dans leur congrégation, il doit, fût-il le premier de tous, recommencer ses études depuis les principes. Dans la faculté de médecine, point de clinique d’accouchement : pour tout enseignement, on y trouve des tableaux représentant les organes, et ces tableaux sont couverts d’un rideau ; un sot célèbre par son ignorance vient d’y être appelé par une intrigue de femmes. Le reste est à l’avenant. Les professeurs, me dit un médecin allemand, sont des barbiers de village, quelques-uns seulement ont passé une ou deux semaines à Paris, et pratiquent dans les hôpitaux des traitements qui sont arriérés d’un siècle. Dans l’hospice des maladies de peau, on fait aux teigneux des incisions à la tête ; la plaie cicatrisée, on les range en file, et on leur passe sur la tête un pinceau enduit d’une certaine mixture ; le même pinceau sert à tous, et il y a peut-être des années qu’il sert. On peut juger sur tout cela de la dignité et de l’importance des professions libérales.

Y a-t-il ici quelque ressort moral ? La plupart de mes