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Cependant, dans Saint-Pierre, entre deux haies de soldats, on voit défiler le cortège qui va célébrer le lavement des pieds : d’abord des monsignori à la physionomie spirituelle, des cardinaux violets, la calotte rouge à la main, suivis de leurs acolytes, des chanoines habillés de rouge vif, enfin les douze apôtres vêtus de bleu, coiffés d’un singulier chapeau blanc, un bouquet à la main. Ailleurs, dans un hôpital, les dames romaines, en costumes noirs et en tabliers blancs de religieuses, font le même office. On reçoit là trois ou quatre cents paysannes venues pour la fête ; les plus grandes dames, des princesses, les déchaussent, lavent leurs pieds, les rechaussent, leur donnent à manger, puis vont les coucher. C’est un débouché pour le besoin violent et intermittent d’émotions et d’humiliations chrétiennes.



Vendredi.


Troisième Miserere, un peu inférieur aux précédents, et de plus aujourd’hui la chapelle Pauline, n’ayant pas son illumination, est ridicule ; on découvre que les colonnes d’azur et la plupart des dorures n’étaient que des trompe-l’œil. Les deux dernières fresques de Michel-Ange, saint Pierre crucifié et saint Paul jeté par terre, ne sont que savantes.

Dans la basilique de Saint-Pierre, un cardinal, avec un bonnet rouge surmonté d’une toque rouge, est assis à cinq marches du sol sur une chaire de bois noir sculpté, et tient à la main une longue baguette dont il touche le crâne des pénitents agenouillés ; cet attouchement donne une indulgence particulière. Le cardinal a soixante ans,