l’esclave, qui n’a que ses bras, ne peut plus y suffire. Pour établir une grande organisation compliquée comme nos sociétés modernes, par exemple une monarchie modérée, égalitaire et protectrice, où chacun se propose comme but la tranquillité et l’acquisition du bien-être, le fondement manque ; quand Rome voulut en faire une, les cités furent écrasées, les esclaves usés disparurent, le ressort de l’action fut brisé, et tout périt.
Cela devient plus clair encore sitôt qu’on entre dans les maisons, celles de Cornélius Rufus, de Marcus Lucrétius, dans la Casa Nuova, dans la maison de Salluste. Elles sont petites, et les salles encore plus petites. Elles sont faites pour prendre le frais, pour dormir ; l’homme passait la journée ailleurs, au forum, aux bains, au théâtre. La vie privée, si importante pour nous, était fort réduite ; l’essentiel était la vie publique. Il n’y a point de traces de cheminée, et très-certainement on n’avait que peu de meubles. Les murs sont peints de couleurs noirâtres et rougeâtres opposées, ce qui est doux dans la demi-obscurité ; partout des arabesques d’une légèreté charmante, Neptune et Apollon bâtissant les murs de Troie, un triomphe d’Hercule, de petits amours fins, des danseuses qui semblent voler à travers l’air, deux jeunes filles appuyées contre une colonne, Ariane trouvée par Bacchus ; ces jeunes corps sont si franchement jeunes et forts ! Parfois le panneau ne renferme qu’une délicate bordure sinueuse, avec un griffon au centre. Les sujets ne sont qu’indiqués, ces peintures correspondent à nos papiers peints ; mais quelle différence ! Pompéi est un Saint-Germain, un Fontainebleau antique ; on voit l’abîme qui sépare les deux mondes.