Page:Taine - Voyage en Italie, t. 1, 1874.djvu/95

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ne faisait et on ne pouvait faire que trois choses : boire, manger et parfois s’amuser ; sur tout le reste, interdiction complète. Ni études, ni journaux, ni voyages, ni entretiens de religion ou de politique ; les dénonciations étaient perpétuelles, et les prisons affreuses ; on se sentait à chaque mouvement une main d’inquisiteur sur le corps. Qu’on ait seulement vingt ans à soi, et l’on verra le changement du pays.

Il a voyagé dans le midi, et reconnaît que les brigands font une sorte de chouannerie, mais de basse espèce. Le paysan ne leur est pas trop hostile, parce qu’il est ignorant et superstitieux. D’ailleurs impossible d’aller dans les boschi où ils se cachent, et on leur envoie sans cesse des recrues de Rome.




Toujours les brigands, on ne parle pas d’autre chose : selon les gazettes libérales, ce sont des scélérats dignes du bagne ; selon les gazettes cléricales, ce sont des insurgés martyrs. J’ai voulu avoir une opinion à moi, et j’ai lu le journal du général Borgès, Espagnol et bourbonien, qui a traversé dernièrement le royaume de Naples dans toute sa longueur, mais qui a été pris et fusillé à quelques lieues de la frontière romaine.

Après cette lecture, on peut compter sur les faits suivants : — Borgès est une sorte de Vendéen ; et il y avait d’honnêtes gens avec lui, par exemple ses officiers. — Il rencontre un certain nombre de bourboniens, pâtres, paysans, anciens soldats, mais en petit nombre. — Les bandes qui l’appuient et qui tiennent le pays avant son débarquement sont composées de voleurs et d’assassins,