Aller au contenu

Page:Taine - Voyage en Italie, t. 2, 1876.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toire ; au-dessous s’étale la campagne, vaste jardin parsemé d’arbres, où les feuillages des oliviers font des raies pâles sur la verdure des moissons nouvelles. La magnifique coupole bleue resplendit, peuplée par ce soleil, et les rayons jouent à plaisir dans ce grand cirque, qu’ils parcourent sans obstacle. Vers l’occident, les chaînes dorées s’étagent les unes au-dessus des autres, plus claires à mesure qu’elles s’approchent de l’horizon, et les dernières sont aussi riantes qu’un voile de soie. Cependant les croupes se rejoignent, mêlent leurs noirceurs et leurs clartés, jusqu’à ce qu’enfin, s’abaissant et s’allongeant, elles diminuent et s’effacent une à une dans la plaine. Lumière, relief, ordonnances ; les yeux s’étonnent et jouissent d’un si large espace, d’un si bel arrangement, d’une si parfaite netteté des formes ; mais l’air froid qui vient des montagnes empêche le corps de s’oublier dans un bien-être trop voluptueux : on sent que le roc infécond et l’hiver sont à la porte. Là-bas, une longue arête tranchée et cassée tourne en coupant le ciel, et le ciel pâlit avec des tons d’acier au-dessus des neiges qui semblent des plaques de marbre.



Assise, 4 avril.


Course à pied, quatre heures de marche pour voir des paysans.

Pays bien cultivé et charmant ; le blé vert sort de terre à foison, les vignes bourgeonnent, et chaque cep grimpe à un orme ; des ruisseaux clairs courent dans les fossés. À l’horizon est une ceinture de montagnes, et les neiges