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Page:Taine - Voyage en Italie, t. 2, 1876.djvu/59

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Sienne, 8 avril.

De Chiusi à Sienne, le pays s’aplatit ; on est entré dans la Toscane : des marécages étendent dans le lointain leur verdure sale et malade. Un peu plus loin sont des collines basses, puis des coteaux grisâtres, où la vigne tord ses sarments noirs : c’est un maigre et plat paysage de France. Une vieille cité, entourée de murailles rousses, apparaît à gauche sur une colline, et l’on entre à Sienne.

C’est une ancienne république du moyen âge, et bien souvent, dans les cartes du seizième siècle, j’avais contemplé sa silhouette abrupte, hérissée de bastions, peuplée de forteresses, toute remplie des témoignages des guerres publiques et des guerres privées. Guerres publiques contre Pise, Florence et Pérouse, guerres privées entre les bourgeois, les nobles et le peuple, combats des rues, massacres d’hôtel de ville, bouleversements de la constitution, exil de tous les nobles en état de porter les armes, exil de quatre mille artisans, proscriptions, confiscations, pendaisons en liasse, ligues des exilés contre la ville, coups de main populaires, désespoir porté jusqu’à l’abdication de la liberté et à la