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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/11

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TALLEMANT DES RÉAUX



Quand parurent pour la première fois les Historiettes, en 1834, on accusa les éditeurs de les avoir fabriquées par spéculation de librairie, et M. Cousin ne se put jamais convaincre de leur parfaite authenticité. C’était faire à trois honnêtes érudits bien de l’honneur, mais le dix-septième siècle était encore sous clef. On n’en avait laissé échapper que les beaux exemples en tout genre, en style et en mœurs : on se figurait une société noble, dévote, éloquente, obéissante, et pompeuse jusqu’en ses rares dérèglements. On déplorait les gaillardises de Molière ; on rougissait de celles de La Fontaine ; Port-Royal rachetait la Champmeslé.

Que ce siècle, surtout en ses deux ou trois premières périodes, eût été l’un des plus vifs, l’un des plus divers, l’un des plus libres, l’un des plus émouvants par la hardiesse des passions, on ne voulait pas s’en douter. Toute ouverture sur les mœurs de ce monde inconnu était bouchée aussitôt par des mains pudiques.