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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/16

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de jadis s’élevant lentement, le fils un peu plus haut que le père, jusque vers le sommet. Ce spectacle, en somme, se peut découvrir encore ; il est même des plus communs. Le spectacle contraire était non moins fréquent au dix-septième siècle.

Il serait fort paradoxal de dire que la société du temps de Louis XIII fût, en grande partie, une société de parvenus, ou, si l’on veut, d’arrivés. Rien, cependant, ne serait plus facile à démontrer, pour un généalogiste expert à dépister les fraudes. Il montrerait comment le fils d’un pâtissier traiteur devint, pour dix mille écus, le chevalier de Bellegarde ; comment Puget, fils d’apothicaire, devint riche et seigneur de Pommense ; comment Aubry, président de la Chambre des comptes, sortait de la boutique d’un vinaigrier de la rue Montmartre ; comment le sieur Rocher, de valet d’un marchand de toiles à voile, à Saint-Malo, devint seigneur de Portail et baron de Tressant, et maria l’une de ses filles à François de Cossé, duc de Brissac ; comment Leclerc, tanneur à Meulan, puis marchand de bestiaux, acquit pour gendres deux premiers présidents de cour ; comment Marie Vignon, fille d’un fourreur et veuve d’un drapier, devint la connétable de Lesdiguières ; Des Réaux fournirait ces exemples et bien d’autres, sans parler de la fortune d’un Luynes, bâtard d’un chanoine, sans dénombrer tous ces abbés, chanoines, évêques partis de rien.