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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/160

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cent exemplaires que Courbé lui a fournis, dont il y en a plusieurs qui, à cause du grand papier et de la reliure, reviennent à dix écus et davantage, et cinquante qu’il lui a fallu donner et qu’il n’a point payés, il est constant que le libraire lui a donné deux mille livres, et depuis mille livres, quand, pour empêcher la vente de l’édition de Hollande, il en fallut faire ici une en petit, parce que dans le traité il y a deux mille livres pour la première édition et mille livres pour la seconde.

Les observations du sieur du Rivage fâchèrent fort la cabale, et M. de Montausier, en parlant à La Mesnardière, qui s étoit déguisé sous ce nom-là, dit, après avoir bien parlé coutre cet écrit, que celui qui l’a fait mériteroit des coups de bâton ; et il vouloit qu’on bernât Linière au bout du Cours. C’est un petit fou qui a de l’esprit, et qui, je ne sais par quelle chaleur de foie, a fait des épîtres et des épigrammes contre M. Chapelain, et devant et après l’impression de la Pucelle. Il y a une épigramme fort jolie qu’on lui a raccommodée ; la voici :

La France attend de Chapelain, ce rare et fameux écrivain,

Une merveilleuse Pucelle :

la cabale en dit force bien ;

Depuis vingt ans on parle d’elle :

Dans six mois ou n’en dira rien.


C’est pour faire voir que beaucoup de gens en étoient désabusés avant qu’on l’imprimât, car il en avoit lu les quatre premiers livres, cà et là, en mille lieux. On dit que messieurs de Port-Royal ont été les seuls à qui il a communiqué son ouvrage ; mais ou il ne les a pas crus, ou ils ne s’y connoissoient guère. Il l’a montré aussi à Ménage, car il le craint comme le feu, et ne manque pas une fois d’aller à son académie, non plus que de visiter bien soigneusement le petit Boileau.

Pour revenir à La Mesnardière, c’est une espèce de fou