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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/179

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du bal, elle rencontra des voleurs ; aussitôt elle mit la main à ses perles. Un de ces galants hommes, pour lui faire lâcher prise, la voulut prendre par l’endroit que d’ordinaire les femmes défendent le plus soigneusement ; mais il avoit affaire à une maîtresse mouche : « Pour cela, lui dit-elle, vous ne l’emporterez pas, mais vous emporteriez mes perles. » Durant cette contestation, il vint du monde, et elle ne fut point volée.

Un jour la duchesse d’Hallwin, fille de la marquise de Menelaye, sœur du Père de Gondy, se rencontra avec elle à la porte du cabinet de la Reine, et comme elle la pressoit fort pour entrer la première, madame de Rohan se retira bien loin en disant : « À Dieu ne plaise que, n’ayant ni verge, ni bâton, j’aille me frotter à une personne armée. » Car cette femme toute contrefaite avoit un corps de fer ; et puis elle avoit été femme de M. de Candale, et s’étoit démariée d’avec lui. On dit qu’un jour d’Hallwin, depuis M. le maréchal de Schomberg, demanda à M. de Candale pourquoi il s’étoit démarié : « C’est, dit-il, que madame couchoit avec tel et tel de mes gens » M. d’Hallwin s’en voulut fâcher : « Tout beau, lui dit-il, tout cela est sur mon compte, vous n’y avez rien à voir. »

Il y avoit chez M. de Bellegarde la peinture d’un… pétrifié, et un sonnet au-dessous qu’Yvrande avoit fait ; il est dans le Cabinet satyrique. Madame de Rohan mit la main devant ses yeux pour ne pas voir la peinture ; mais par-dessous elle lisoit les vers en disant : « Fi ! fi ! »

Quelque benêt, la consolant de la mort de M. de Soubise dont elle ne se tourmentoit guère, lui dit une stance de Théophile, où il y a :

Et dans les noirs flots de l’oubli,

Où la Parque l’a fait descendre,

Ne fût-il mort que d’aujourd’hui,

Il est aussi mort qu’Alexandre.


Elle acheva la stance en l’interrompant :