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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/199

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souvent ce n’est que pour faire le bon compagnon. Il le fit bien voir dans une grande maladie qu’il eut, car il fit fort le sot et baisa bien des reliques. Quelques mois après, ayant ouï un sermon de l’abbé de Bonzez, il lui fit dire par madame Saintot qu’il vouloit faire assaut de religion contre lui. « Je le veux bien, répondit l’abbé, à la première maladie qu’il aura. »

Il étoit insolent et ivrogne. À Venise, il alla lever la couverture d’une gondole, qui est un crime en ce pays de liberté ; aussi fut-il bien battu. Il dit qu’il étoit conseiller de France, et ce fut en cette rencontre-là, à ce qu’on dit, que pour la première fois on dit en Italie : O povera Francia, mal consigliata !

Son ivrognerie lui a fait courir mille périls et recevoir mille affronts. Un jour qu’il avoit bu, il vit un prêtre qui, portant corpus Domini, avoit une calotte ; il s’approcha de lui, jeta sa calotte dans la boue, et lui dit « qu’il étoit bien insolent de se couvrir en présence de son Créateur ». Le peuple s’émut, et sans quelques personnes de considération qui le firent sauver, on l’eût lapidé.

En une débauche, il dit quelque chose à Villequier, aujourd’hui le maréchal d’Aumont, qui lui rompit une bouteille sur la tête, et il lui donna mille coups de pied. des Barreaux le jour même pria Bardouville, son ami, gentilhomme de Normandie, homme d’esprit, mais libertin, de faire un appel à Villequier. Bardouville (1), qui connoissoit le pèlerin, lui promit tout ce qu’il voulut, et le fit coucher.

[(1) Saint-Ibar dit, à la naissance du fils de Bardouville qu’il lui falloit mettre des entraves quand on le baptiseroit, qu’autrement, il regimberoit contre l’eau bénite (T.)]

Le lendemain, il le va trouver ; le galant homme dormoit le plus tranquillement du monde, et depuis ne s’en est pas souvenu. (1642) Il pouvoit avoir trente-cinq ans quand il fit partie avec un nomme Picot, et autres qui leur ressembloient,