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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/221

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messieurs. Pour Pec, ce ne fut que par intérêt au commencement et depuis par reconnoissance. Aucun autre n’en a jamais rien eu par intérêt. Le premier président Le Jay lui offrit une assez grosse somme pour une fois ; mais elle s’en moqua, et disoit qu’elle ne faisoit cela que pour son plaisir.


LE PÈRE ANDRÉ

Le Père André, augustin, vulgairement appelé le petit Père André étoit de la famille des Boullanger, de Paris, qui est une bonne famille de la robe. Il a prêché une infinité de Carêmes et d’Avents ; mais il a toujours prêché en bateleur, non qu’il eût dessein de faire rire, mais il étoit bouffon naturellement, et avoit même quelque chose de Tabarin dans la mine. Il parloit en conversation comme il prêchoit.

Il y tâchoit si peu que quand il avoit dit des gaillardises il se donnoit la discipline ; mais il y étoit né, et il ne s’en pouvoit tenir. Comme il prêchoit un Avent au faubourg Saint- Germain, feu M. de Paris, à cause de je ne sais quelle cabale de moines dont il étoit des principaux, et aussi pour le scandale que ses bouffonneries donnoient, l’envoya quérir et le retint en prison à l’archevêché, M. de Metz s’en formalisa, disant « que M. l’archevêque ne pouvoit faire arrêter un religieux qui prêchoit dans un faubourg qui « dépendoit de l’abbaye de Saint-Germain » ; et effectivement il le fit délivrer ; mais ce fut à condition qu’il prêcheroit plus sagement. Il remonte donc en chaire ; mais de sa vie il n’a été si empêché : il avoit si peur de dire quelque chose qui ne fût pas bien qu’il ne dit rien qui vaille, et il fut contraint. de finir assez brusquement. Il étoit bon religieux