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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/290

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semaine, pour avoir une succession pour laquelle il falloit que trois personnes mourussent. Elle n’est pas riche. La présidente de Brie eut quarante-huit coups et en donna à Brizardière cinquante-deux ; une madame de Kerollin se fit fouetter pour trouver un bon tiercelet (elle faisoit la fausse monnoie), c’est-à-dire un bon alliage. Mais le plus plaisant, ce fut mademoiselle de Taloet ; comme il la fouettoit rudement, c’étoit pour avoir un mari qui eût beaucoup de bien, elle crioit : « Hé, monsieur de La Brizardière, doucement, j’aime mieux qu’il soit moins riche. »


LA DU RYER

La du Ryer étoit une pauvre fille, d’auprès de Mons en Hainaut, qui étoit assez jolie en sa jeunesse : elle se donna à Saint-Preuil, qui lui fit gagner dix ou douze mille livres, en une campagne, où elle fut vivandière. Elle épouse un nommé du Ryer, et se met à tenir auberge ; elle étoit aussi un peu m…… Un jour qu’elle demanda de l’argent à Saint- Preuil, il la battit. Au lieu de se fâcher de cela, elle lui alla demander pardon, et lui dit qu’elle étoit une impertinente de lui avoir demandé de l’argent, elle qui savoit bien qu’il n’en avoit pas. Quand il eut la tête coupée à Amiens, elle reçut sa tête dans son tablier, et lui fit faire un magnifique service à ses dépens.

Veuve de du Ryer, elle se remaria à un homme dont elle n’a jamais porté le nom ; il étoit son maître cuisinier, à Saint- Cloud, où elle fit un cabaret magnifique. Au commencement, les dames n’y vouloient point aller ; elle avoit un jardin là auprès, où on leur portoit ce qu’elles avoient commandé ; enfin on s’y apprivoisa.

Madame de Champré, à Saint-Cloud, chez la du Ryer,