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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/300

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TALLEMANT DES RÉAUX

un demi-louis, on est sur le théâtre ; mais cela gâte tout et il ne faut quelquefois qu’un insolent pour tout troubler. Les pièces ne sont plus guère bonnes.


MADAME DE LANGEY

Le marquis de Courtaumer, qui fut tué à l’expédition du colonel Gassion, depuis maréchal de France, contre les Pieds-nuds, à Avranches, ne laissa qu’une fille, qui fut mariée fort jeune au fils unique d’un M. de Maimbray, homme de qualité du pays du Maine. Ce garçon s’appeloit Langey, du nom d’une terre. Il y avoit de grands procès dans la maison de cette héritière, à cause qu’elle avoit un oncle, cadet de feu de son père, à qui la mère avoit fait tout l’avantage qu’elle avoit pu. Langey et l’oncle eurent donc bien des choses à démêler. Au bout de trois ans, comme ils étoient à Rouen, sur le point de s’accommoder, il arriva du désordre entre le mari et la femme. Il l’accusoit d’être pour son oncle ; cela venoit de ce qu’il ne vouloit point qu’elle eût de trop de communication avec ses parents pour les raisons qu’on verra ensuite. Cela fit du bruit. Elle en écrivit à madame Le Cocq, veuve d’un conseiller huguenot sœur aînée de feue sa mère, et à M. Magdelaine, son grand-père maternel, afin qu’ils fissent tous leurs efforts pour la délivrer de la misère où elle étoit. Déjà, le bonhomme et la tante s’étoient aperçus de la mauvaise humeur du cavalier.

Durant deux misérables campagnes qu’il fit, il n’avoit jamais voulu permettre à sa femme d’aller chez madame la marquise de La Caze, sa mère ; au contraire, il l’avoit donnée en garde à madame de Maimbray. On avoit reconnu qu’il avoit mille bizarreries, et, en une occasion, la jeune