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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/312

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l’autre pour lui. Il est souvent en Bretagne, où il a le gouvernement du Port-Louis. Elle ne fait que jouer à Paris, où elle demeure toujours jours depuis quelques années. Elle eut une grande maladie l’hiver passé ; elle fut abandonnée des médecins ; cependant sa chambre étoit pleine de monde à l’ordinaire ; elle étoit aussi tranquille que si elle eût été en parfaite santé seulement. de temps en temps, elle disoit : « Faites-moi venir M. de La Milletière ; il parle de Dieu si gentiment ! » Elle en est revenue.

Son mari avoit, il y a quelques mois, une petite fillette assez jolie ; il la laissa ici, et alla faire un tour en Bretagne. Girardin fit connoissance avec elle, et la mit en chambre. Il en eut avis ; il le fut trouver, et lui dit : « Si dans quatre jours vous ne me la rendez, je vous irai poignarder. » L’autre nia : « Prenez-y garde ! » Deux jours après, il lui dit : « Monsieur, je vous viens avertir que, des quatre jours, il n’en reste plus que trois. Prenez garde à vous ; informez-vous quel homme je suis. » Ma foi, Girardin eut peur, car déjà il avoit des gens à ses trousses ; il lui alla dire un matin qu’il la lui cédoit de bon cœur. « Ah ! lui dit-il, vous voilà réduit ; je ne voulois que cela. Je vous la rends : une autre fois, usez-en plus civilement. » Après ils firent amitié ensemble. C’est une espèce de philosophe cynique ; il ne joue point.


MADEMOISELLE DES JARDINS
L’ABBÉ D’AUBIGNAC ET PIERRE CORNEILLE

Mademoiselle des Jardins [1] est fille d’une femme qui a été à feue madame de Montbazon, et d’un homme d’Alençon qui, je pense, est officier : c’est une personne qui, toute

  1. Madame de Villedieu.