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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/330

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d’habits à Paris, demeurant rue Saint-Honoré, paroisse Saint-Eustache, etc. » Il lui en fait mettre tout le plus long qu’il peut, et, après l’avoir bien fait écrire, il ajoute cent coups de bâton, au lieu de la somme. Le tailleur le donne au diable, et s’en va. Je ne sais si le diable prit Ruqueville, mais il trépassa peu de temps après.

Un auditeur des comptes, dont j’ai oublié le nom, avoit ordonné par son testament que les quatre Mendiants seroient à son enterrement, et que ces quatre ordres porteroient quatre gros cierges qu’il avoit dans son cabinet. Comme on fut dans l’église, tout-à-coup ces cierges crevèrent, et il en sortit des pétards qui filent un bruit épouvantable. Les moines et toute l’assistance crurent que c’étoit le diable qui emportoit l’âme du défunt. Regardez quelle vision de se préparer ainsi une farce après sa mort.

Il y a eu ici un certain fou qui alloit l’hiver sur le Pont- Neuf, avec un réchaud plein de feu, où il chauffoit toujours un fer comme ces fers de plombier, et, s’approchant des passants, il leur disoit : « Voulez-vous que je vous mette ce fer chaud dans le c.l  ? — Coquin !… — Monsieur, répliquoit-il naïvement, je ne force personne, je ne l’y mettrai pas, s’il ne vous plaît. » On rioit de cela, et puis il demandoit quelque chose pour du charbon.

Un homme perdant chez la Blondeau, qui tenoit académie à la Place-Royale, tout d’un coup descend en bas, et revient avec une échelle, l’appuie contre la tapisserie, et avec des ciseaux se met à couper le nez à une reine Esther qui y étoit en disant : « Mordieu ! il y a deux heures que ce chien de nez me porte malheur. » Un autre donna un écu à son laquais pour aller jurer cinq ou six bonnes fois pour lui.

Il y a eu un chevalier d’Andrieux qui, à trente ans, avoit