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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/47

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r quérir.

Malherbe lui dit rustiquement qu’il les avoit déjà vus, que cela ne méritoit pas qu’il prît la peine de remonter, et que son potage valoit mieux que ses Psaumes. Il ne laissa pas de dîner, mais sans dire mot, et après dîner ils se séparèrent, et ne se sont pas vus depuis. Cela le brouilla avec tous les amis de Desportes ; et Régnier, qui étoit son ami, et que Desportes estimoit pour le genre satirique à l’égal des anciens, fit une satire contre lui qui commence ainsi :

Rapin, le favori d’Apollon et des muses, etc.

Desportes, Bertaut, et des Yveteaux même critiquèrent tout ce qu’il fit. Il s’en moquoit, et dit que, s’il s’y mettoit, il feroit de leurs fautes des livres plus gros que leurs livres mêmes.

Il avoit marqué Desportes, et disoit qu’il feroit de ses fautes un livre plus gros que toutes ses poésies ensemble.

Des Yveteaux lui disoit que c’étoit une chose désagréable à l’oreille que ces trois syllabes : ma, la, pla, toutes de suite dans un vers :

Enfin cette beauté m’a la place rendue.

« Et vous, lui répondit-il, vous avez bien mis : pa, ra, bla, la, fla.

« — Moi  ? reprit des Yveteaux, vous ne sauriez me le montrer. — N’avez-vous pas mis, répliqua Malherbe :

« Comparable à la flamme ? »

De toute cette volée, il n’estimoit que Bertaut, encore ne l’estimoit-il guère : « Car, disoit-il, pour trouver une pointe, il faisoit les trois premiers vers insupportables, » Il n’aimoit pas du tout les Grecs, et particulièrement il s’étoit déclaré ennemi du galimatias de Pindare.

Virgile n’avoit pas l’honneur de lui plaire. Il y trouvoit beaucoup de choses à redire, entre autres ce vers où il y a :