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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/67

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disoit qu’il en étoit revenu aussi gaillard qu’à vingt-cinq ans. Il traita en ce temps-la avec M. de Luynes, fils de sa femme, et lui céda tout son bien, à condition de lui donner tant de pension par an, de lui fournir tant pour payer ses dettes, et il voulut avoir une somme de dix mille livres tous les ans pour ses mignonnes.

Madame de Luynes envoya un jour ordre aux officiers de faire vider de la duché toutes les femmes de mauvaise vie. Les officiers lui mandèrent que pour eux ils ne les discernoient point d’avec les autres, et que si elle savoit quelque marque pour les connoître, qu’elle prît la peine de le leur mander.


M. D’AUMONT

M. d’Aumont, fils du maréchal d’Aumont, du temps d’Henri IV, gouverneur de Boulogne-sur-Mer, et chevalier de l’Ordre, en son jeune temps, fut une vraie peste de cour. Il a eu les plus plaisantes visions du monde. Il disoit de madame de Beaumarchais, belle-mère du maréchal de Vitry, et femme de ce trésorier de l’Epargne que la Reine- mère fit tant persécuter, à cause que son gendre avoit tué le maréchal d’Ancre ; il disoit donc de cette madame de Beaumarchais qu’elle ressembloit à un tabouret de point de Hongrie. En effet, elle avoit le visage carré, et tout plein de marques rouges. Cela n’empêchoit pas que, pour son argent, elle n’eût des galants, et de bonne maison ; car M. de Mayenne, le dernier de ce nom, en fut un. La vision qu’il eut pour la maréchale d’Estrées est encore plus plaisante. C’étoit et c’est encore une petite femme sèche, et qui a le nez fort grand, mais extrêmement propre. Elle étoit en sa jeunesse toute faite comme une poupée. « Ne croyez-vous pas, disoit-il sérieusement, car il ne rioit jamais, qu’on la pend tous