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Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/69

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andouilles sont bonnes, mais elles sentent un peu le terroir. »

Il disoit du marquis de Sourdis, qui faisoit fort l’empressé chez le cardinal de Richelieu, de la maison duquel il étoit depuis peu intendant, et qui regardoit aux meubles et à toutes choses, il disoit qu’il lui sembloit le voir tirer de dessous son manteau un petit sac de tapissier avec un petit marteau, et recogner quelque clou doré à une chaise.

Il disoit d’une dame, qui avoit les cheveux d’un blond fort doré, et qui avoit une coiffure beaucoup trop relevée et presque point de cheveux abattus, qu’elle ressembloit à ces pelotes où les merciers fichent des lardoirs.

Je crois que ce fut lui qui dit voyant une personne fort maussade, qu’elle avoit la mine d’avoir été faite dans une garde-robe sur un paquet de linge sale.

Une de ses meilleures visions, ce fut celle qu’il eut pour M. l’archevêque de Rouen, qui, quoique jeune portoit une grande barbe. Il dit qu’il ressembloit à Dieu le Père, quand il étoit jeune.


MADAME DE RENIEZ

Madame de Reniez étoit de la maison de Castelpers en Languedoc, sœur du baron de Panat, dont nous parlerons ensuite. Avant que d’être mariée au baron de Reniez, elle étoit engagée d’inclination avec le vicomte de Paulin. Cette amourette dura après qu’elle fut mariée, et le baron de Panat étoit le confident de leurs amours. Ils en vinrent si avant qu’ils se firent une promesse de mariage réciproque, par laquelle ils se promettoient de s’épouser en cas de viduité : « En foi de quoi, disoient-ils, nous avons consommé le mariage. » Un tailleur rendoit les lettres du galant et