Aller au contenu

Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

le pouvoir quitter. Un autre étranger, nommé Galtalde, gentilhomme de Raguse, se fit faire résident de sa république en France pour conférer avec M. Viète. Viète mourut jeune, car il se tua à force d’étudier.


MADAME D’ALINCOURT

Un garçon de Paris, nommé M. de Marcognet, fils d’un maître des requêtes appelé Langlois, fit amitié avec feu M. d’Alincourt, père de M. le maréchal de Villeroi, et devint en même temps amoureux de madame d’Alincourt, qui étoit belle, et dont jusque- là on n’avoit encore rien dit. Il la servit fort longtemps sans en avoir la moindre faveur, et il ne se pouvoit vanter que d’être un peu plus obstiné que ses rivaux. Las de cette vaine recherche, il résolut de tout hasarder ; et ayant remarqué plusieurs fois que la dame qui étoit alors à Lyon, dont son mari étoit gouverneur, se retiroit fort souvent toute seule dans un cabinet qui étoit tout au bout d’un grand appartement, et que ses femmes se tenoient dans un lieu assez éloigné, ayant remarqué tout cela, il résolut de l’y surprendre, pour voir s’il ne trouveroit point l’heure du berger. Dans ce dessein, étant à la chasse avec M. d’Alincourt il se laisse tout exprès tomber dans un bourbier, afin d’avoir prétexte de se retirer. M. d’Alincourt continue sa chasse ; Marcognet, de retour, changea d’habit, va chez madame D’Alincourt, et la trouve où il vouloit. Après lui avoir conté son accident, il lui dit à quel dessein il s’étoit laissé tomber dans le bourbier, et qu’il étoit résolu de jouer de son reste. Après cela, il va fermer toutes les portes. Je vous laisse à penser si cette femme fut étonnée. Il la jeta sur un lit de repos ; elle se défendit autant qu’on se peut défendre ; mais comme il étoit beaucoup plus fort qu’elle, à la fin