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taille. Ils le laissent là et courent aux Tuileries ; mais par hasard ils rencontrèrent ses gens et leur dirent où il étoit.

Une fois à l’armée on donna une fausse alarme exprès, et on lui fit prendre une vache sellée pour son cheval. On l’a fait aller un jour en compagnie avec son bonnet de nuit.

On lui veut faire accroire que le jour de ses noces il alla dire en passant aux baigneurs qu’ils lui tinssent un lit prêt, qu’il coucheroit chez eux. « Vous ! lui dirent-ils, vous n’y songez pas ! — Si, j’y viendrai assurément. — Je pense que vous rêvez, reprirent ces gens-là, vous vous êtes marié ce matin. — Hé ! ma foi, dit-il, je n’y songeois pas. » Sa femme étoit veuve du comte d’Isigny, parent de feu madame la princesse (de Condé) Marguerite de Montmorency.




LA FONTAINE[1].


Un garçon de belles-lettres et qui fait des vers, nommé La Fontaine, est encore un grand rêveur. Son

  1. Quand Tallemant écrivit cet article, La Fontaine n’avoit encore publié que sa traduction de l’Eunuque de Térence. Il étoit fort peu connu. Tallemant, plus tard, lui rendit justice : on lui doit la conservation de plusieurs opuscules du fabuliste, et particulièrement d’un petit ballet, intitulé : Les Rieurs du Beau Richard. (Voyez les Œuvres de La Fontaine, édition de M. Walckenaer ; Paris, gr. in-8o, t. 4, pag. 127.)