Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/112

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Princesse, et le cardinal lui ayant manqué après ce frère, elle se trouva bien mal à son aise. Le cardinal fut le seul qui ne l’abandonna pas à la disgrâce de M. de Montmorency. Madame de La Trémouille dit qu’elle étoit de leurs divertissements ; que madame la Princesse et M. le cardinal, quand ils vouloient parler seuls, étoient dans un cabinet la porte ouverte ; que tout le monde les voyoit : les autres dansoient et jouoient.

Madame la Princesse étoit une des plus lâches personnes qui aient jamais été. Elle disoit à madame d’Aiguillon : « Jésus ! madame, que je serai aise de vous céder, si vous épousez Monsieur ! » Elle donna la serviette à feue Madame, qui la prit en tournant la tête d’un autre côté. En revanche, quand elle menoit quelqu’un, elle étoit la plus civile du monde. Un jour qu’elle mena madame de La Trémouille à je ne sais quelle fête au Louvre, la Reine l’appela dans sa garde-robe, où personne n’entre que les princesses. Elle s’excusa en disant : « J’ai amené madame de La Trémouille ; je n’irai nulle part où elle ne puisse pas entrer. » On lit sur elle un vaudeville que voici :

La Combalet et la Princesse
Ne pensent point faire de mal,
Et n’en iront point à confesse
D’avoir chacune un cardinal[1] ;
Car laisser lever leur chemise
Et mettre ainsi leur corps à l’abandon,
N’est que se soumettre à l’église,
Qui, en tout cas, leur peut donner pardon.

  1. Voir ci-après l’article du cardinal de Richelieu et de madame de Combalet, depuis duchesse d’Aiguillon, sa nièce.