Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/138

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pays de Dames il n’y avoit point de prince. Il étoit bien fait et dansoit fort bien. Il étoit bien devenu plus civil depuis qu’il commanda en Picardie ; il avoit bon besoin de gagner la Noblesse, car le traitement qu’il fit faire au baron de Coupet parut une étrange violence à tout le monde. Ce jeune homme avoit ouï médire de madame de Chalais, et, en provincial, n’avoit pas considéré qu’on n’en avoit parlé qu’avec des gens beaucoup au-dessus de lui. L’ayant donc trouvée aux Tuileries, il lui dit des sottises. Elle, qui en ce temps-là, étoit servie par M. le comte, voulut s’en venger, et fit sentir à ce prince qu’elle désiroit cette satisfaction. M. le comte envoya Beauregard, son capitaine des gardes, donner des coups de bâton à Coupet dans son logis. Depuis, Coupet se battit contre Beauregard. Ce Coupet étoit fils d’un secrétaire de M. de Lesdiguières, qui acheta une terre, se fit riche et se fit anoblir. Son fils porta les armes et passoit partout pour gentilhomme. M. le comte, pour s’excuser, disoit que ce n’étoit pas un gentilhomme. Le feu Roi trouva cela fort mauvais et disoit : « Je voudrois bien savoir si je ne puis pas faire un gentilhomme moi, et si le père de Coupet, ayant été anobli par un roi de France, ne doit pas passer pour noble. »

Enfin, Senecterre en fit tant que M. le comte le chassa. Il avoit chassé auparavant le chevalier de Se-

    nation pour elle fondée sur l’espérance de l’épouser, et ce fut pour elle que Malherbe fit, au nom de M. le comte, ces vers qui commençoient ainsi :

    Ne délibérons plus, etc. (T.) Malherbe, Stances, livre 5.