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l’étoit allé saluer à Monceau : « Si j’étois mort, cet homme-là ruineroit mon royaume. »

Ceux qui ont voulu raffiner sur la mort de Henri IV disent que l’interrogatoire de Ravaillac fut fait par le président Jeannin, comme conseiller d’État (il avoit été président au mortier de Grenoble) ; et que la Reine-mère l’avoit choisi comme un homme à elle[1]. On a dit que la Comant avoit persévéré jusqu’à la mort[2].

On a seulement dit que Ravaillac avoit déclaré que voyant que le Roi alloit entreprendre une grande guerre, et que son État en pâtiroit, il avoit cru rendre un grand service à sa patrie que de la délivrer d’un prince qui ne la vouloit pas maintenir en paix, et qui n’étoit pas bon catholique. Ce Ravaillac avoit la barbe rousse et les cheveux tant soit peu dorés. C’étoit une espèce de fainéant qu’on remarquoit à cause qu’il étoit habillé à la flamande plutôt qu’à la françoise. Il traînoit toujours une épée ; il étoit mélancolique, mais d’assez douce conversation.

Henri IV avoit l’esprit vif ; il étoit humain, comme

  1. Ces accusations tombent devant les faits. Le président Jeannin interrogea Ravaillac le 14 mai, jour même du parricide. Ce monstre subit deux autres interrogatoires devant le premier président Achille du Harlay et d’autres magistrats. Il soutint, même dans la question, que personne ne l’avoit excité à commettre son crime. Ces interrogatoires, tirés des manuscrits de Brienne, ont été imprimés dans le Supplément aux Mémoires de Condé, édition de Lenglet du Fresnoy, in-4o ; 1743 ou 1745.
  2. Jacqueline Levoyer, dite de Comant, femme d’Isaac de Varennes, accusa le duc d’Épernon et la marquise de Verneuil d’avoir trempé dans l’assassinat du Roi. Elle fut condamnée à une prison perpétuelle. (Mémoires de l’Estoile, audit lieu, t. 49, p. 170 et 218.) Voyez plus bas l’Historiette de mademoiselle Du Tillet.