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gal des anciens, fit une satire contre lui qui commence ainsi :

Rapin, le favori d’Apollon et des Muses, etc.[1].

Desportes, Bertaut, et des Yveteaux même, critiquèrent tout ce qu’il fit. Il s’en moquoit, et dit que s’il s’y mettoit, il feroit de leurs fautes des livres plus gros que leurs livres mêmes.

Des Yveteaux lui disoit que c’étoit une chose désagréable à l’oreille que ces trois syllabes : ma, la, pla, toutes de suite dans un vers :

Enfin cette beauté m’a la place rendue[2].

« Et vous, lui répondit-il, vous avez bien mis : pa, ra, bla, la, fla.

— Moi, reprit des Yveteaux, vous ne sauriez me le montrer. — N’avez-vous pas mis, répliqua Malherbe :

« Comparable à la flamme ? »

De toute cette volée, il n’estimoit que Bertaut, encore ne l’estimoit-il guère : « Car, disoit-il, pour trouver une pointe, il faisoit les trois premiers vers insupportables. Il n’aimoit pas du tout les Grecs, et particulièrement il s’étoit déclaré ennemi du galimatias de Pindare.

Virgile n’avoit pas l’honneur de lui plaire. Il y trou-

  1. Régnier, satire 9.
  2. Stances qui commencent par ce vers. Édition Barbou, pag. 28.