Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/174

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êtes-vous, mon ami ? lui dit-il. — Je suis le cuisinier, monsieur. — Vertu Dieu ! reprit-il en se retirant bien vite, que je ne dîne pas chez un homme dont le cuisinier, à onze heures, a des gants dans ses mains[1]. »

Étant allé avec feu Du Moustier et Racan aux Chartreux pour voir un certain Père Chazerey, on ne voulut leur permettre de lui parler qu’ils n’eussent dit chacun un Pater ; après le Père vint et s’excusa de ne pouvoir les entretenir. « Faites-moi donc rendre mon Pater, » dit Malherbe[2].

Racan le trouva une fois qui comptoit cinquante sols. Il mettoit dix, dix et cinq, et après dix, dix et cinq. « Pourquoi cela ? dit Racan. — C’est, répondit-il, que j’avois dans ma tête cette stance, où il y a deux grands vers et un demi-vers, puis deux grands vers et un demi-vers. »

Que d’épines, Amour, etc.[3] !

Une fois il ôta les chenets du feu. C’étoient des chenets qui représentoient de gros satyres barbus ; « Mon Dieu, dit-il, ces gros B.... se chauffent

  1. Cette anecdote ne se trouve pas dans Racan.
  2. Omis par Racan.
  3. Omis par Racan. Voici la première stance de cette pièce :

      Que d’épines, Amour, accompagnent tes roses !
      Que d’une aveugle erreur, tu laisses toutes choses
       À la merci du sort ?
      Qu’en tes prospérités à bon droit on soupire,
      Et qu’il est malaisé de vivre en ton empire
       Sans désirer la mort ?
      Et qu’il est(Poésies de Malherbe, édition Barbou, pag. 143.)