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qui étoit coquette, reçurent toute la cour chez eux. M. de Guise fut celui dont on parla le premier avec elle. On disoit qu’il avoit laissé une galoche en descendant par une fenêtre. Il disoit qu’il lui sembloit avoir toujours le petit chose de la petite Paulet devant les yeux. M. de Chevreuse suivit son aîné, et ce fut ce qui la décria le plus, car il lui avoit donné pour vingt mille écus de pierreries dans une cassette : elle la confia à un nommé Descoudrais, à qui il la fit escamoter.

Le ballet de la Reine-mère, dont nous avons parlé dans l’Historiette de madame la Princesse[1], se dansa en ce temps-là. Elle y chanta des vers de Lingendes qui commençoient ainsi :

« Je suis cet Amphion, etc. »


Or, quoique cela convînt mieux à Arion, elle étoit pourtant sur un dauphin, et ce fut sur cela qu’on fit ce vaudeville :

« Qui fit le mieux du ballet ?
« Ce fut la petite Paulet
« Montée sur le dauphin,
« Qui monta sur elle enfin. »


Mais cela a été un pauvre monteur que ce monsieur le Dauphin. Son père y monta au lieu de lui. Henri IV, à ce ballet, eut envie de coucher avec la belle chanteuse. Tout le monde tombe d’accord qu’il en passa son envie. Il alloit chez elle le jour qu’il fut tué ; c’étoit pour y mener M. de Vendôme : il vouloit rendre ce prince galant ; peut-être s’étoit-il déjà

  1. Voyez plus haut, page 101 de ce volume.