Page:Tallemant des Réaux - Les historiettes, tome 1.djvu/288

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où ils mirent toute leur science. Ils heurtent, les voilà dans la cour, et lui, la tête à la lucarne, leur demande ce qu’ils veulent, et que leur affaire est jugée. Ils disent qu’ils l’en viennent remercier. « Montez, » leur dit-il. Les voilà en haut. Ils lui présentent leur pâté ; il regarde ce pâté, et puis il dit entre ses dents : « M. Portail a rapporté un procès pour la communauté des pâtissiers, ils l’ont gagné, et ils font présent d’un grand pâté à M. Portail. » Cela dit, il met ce pâté sur sa fenêtre, et le laisse tomber dans la rue.

Une autre fois, un procureur qu’il haïssoit, parce que c’étoit un chicaneur, fut pour lui parler. Il lui demanda par sa lucarne ce qu’il vouloit. « C’est, monsieur, dit le procureur, une requête que je vous apporte pour la répondre, s’il vous plaît. — Lisez, lisez-la, » dit M. Portail. Ce procureur se met à lire nu-tête, comme vous pouvez penser. La requête étoit longue, et il faisoit très-grand froid, et le bon homme, par malice, lui faisoit à toute heure des difficultés.

À propos de conseiller au parlement, je mettrai ici un conte de M. Hilerin, conseiller d’Église. Ce bon homme a fait imprimer un livre de théologie qu’il dédie à la Trinité, et commence l’épître par : « Madame. » En un endroit, il prouve la Trinité par un arrêt rendu à son rapport.