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à rire, qu’il se creva un abcès qu’il avoit dans la gorge, et il en guérit.

L’abbé de Beauveau, évêque de Nantes, poursuivit un jour, en caleçon, ses tenailles à la main, un cordelier contre lequel il s’étoit mis en colère, jusque dans le marché de Nantes, qui est proche de l’évêché.

Une fois qu’il partoit, tous les ouvriers à qui il devoit vouloient avoir de l’argent. Son cordonnier lui alla présenter ses comptes. « Je n’ai point d’argent, lui dit-il. — Mais, monseigneur, de quoi nourrirai-je mes enfants ? — Je n’ai point d’argent, » répéta-t-il. Le cordonnier rognonnoit. L’évêque prend la pelle du feu et lui en donne sur le dos plus de quatre coups. Au sortir de là, le cordonnier trouve le menuisier, à qui il dit qu’il venoit d’être payé. « Je m’y en vais donc, dit l’autre. — Oui, oui, reprit-il, il y fait bon. » Le menuisier va. « Je n’ai point d’argent. — Mais monseigneur, vous avez bien payé le cordonnier. — Veux-tu que je te paie en même monnoie ? — Je ne demande pas mieux ? » Il le battit tout comme l’autre. Il ne craint que le maréchal de La Meilleraie.




MADAME D’ALINCOURT[1].


Un garçon de Paris, nommé M. de Marcognet, fils d’un maître des requêtes appelé Langlois, fit amitié

  1. Jacqueline de Harlay, fille du baron de Sancy, mariée à Charles de Neufville, marquis d’Alincourt, gouverneur de Lyon, etc., le 11 février 1596.